Le point sur le front républicain !!!!!!!
“Le paradoxe français – Simon Epstein”
“… la bonne conscience, les beaux sentiments, les idées supposées généreuses, humanistes, anti-racistes, l’adhésion à des idéologies de gauche, n’ont pas été des facteurs déterminants d’un engagement dans la résistance, et ont même parfois joué, en fonction des personnalités, dans le sens inverse. Le pacifisme bien-pensant de l’époque fut d’ailleurs la voie idéologique la plus directe conduisant à l’approbation de l’accord de Munich puis à la collaboration. Il est de même intéressant de constater que parmi les tout premiers résistants, une poignée d’hommes et de femmes – les plus méritants car ce n’est pas la même chose d’entrer en résistance en 1940, après la Débacle, et y entrer fin 1942, après le basculement du sort des armes, voire en août 1944 – plusieurs étaient des nationalistes de droite. Ce beau livre, méconnu, rétablit la vérité sur un moment de l’histoire particulièrement tourmenté, il balaye d’un revers de main l’idée reçue associant droite à collaboration et gauche à résistance, en montrant que la réalité était infiniment plus complexe.
…L’auteur s’appuie sur des centaines de parcours individuels qu’il analyse sans parti pris tout en dénonçant les manipulations de l’histoire officielle depuis 1945.
Il montre, au rebours de croyances largement répandues, comment une partie de la gauche antiraciste des années 1920 et 1930, mobilisée autour de la LICA[1], s’est massivement ralliée au pacifisme en 1938, avant de rejoindre le régime de Vichy ou les mouvements ultra collaborationnistes. A l’inverse, il souligne que la droite républicaine mais aussi les partis « nationaux » – Camelots du roi ou Jeunesse patriotes – ont joué un rôle décisif dans l’essor de la Résistance française à ses débuts.
I/ Exemples de personnalités du régime de Vichy venues de la gauche antiraciste
René Belin, numéro 2 de la CGT déclare à la revue anti-raciste « Droit de vivre » en juin 1939: « La classe ouvrière est profondément anti-raciste. Je suis entièrement d’accord avec l’action de la LICA ». Cela ne l’empêche pas de devenir ministre de la production industrielle et du travail du maréchal Pétain et de figurer parmi les signataires du statut des Juifs du 8 octobre 1940….
II/ Intellectuels, écrivains, journalistes
L’auteur cite divers intellectuels et écrivains, connus pour leur engagement humaniste et antiraciste, dans les années 1920-1930 qui se sont ralliés au régime de Vichy, par pacifisme, et ont soutenu, à des degré divers, le principe de collaboration : Georges Blondel, René Laforgue, Marcelle Capy, Jean Cocteau, Jean Giono, Maurice Rostand, Marcel Aymé, Pierre Benoit, Jacques de Lacretelle, Marcel Jouhandeau, André Thérive.
Les journalistes sont nombreux à avoir ainsi basculé de la défense des bons sentiments humanitaires et anti-racistes à un soutien inconditionnel du régime du maréchal Pétain : Emile Roche et Pierre Dominique (« La République »), Robert de Beauplan, Stéphane Lauzanne (rédacteur en chef du Matin), Léon Bailby (Le Jour), Alain Laubreaux (l’Oeuvre, journal de gauche avant l’occupation). Certains vont même prendre des positions pro-allemandes : Pierre-Antoine Cousteau (rédacteur en chef de Paris-Soir) ; Jean Luchaire (patron des Nouveaux Temps), homme de gauche dans les années 1920 et 1930, devenu hitlérien après l’occupation.
III/ Personnalités de l’ultra-collaboration
Deux sont particulièrement célèbres :
Marcel Déat*, député SFIO, crée l’Union socialiste républicaine en 1935 et soutien le Front populaire, membre du comité de vigilance antifasciste, chantre de l’antiracisme dans les années 1920 et 1930 : « Il n’y a pas de pays qui soit plus réfractaire que la France à la notion de race, elle qui est l’admirable résultante historique de mélanges constants et de métissages indéfinis »… Les bons sentiments de Marcel Déat le conduisent au pacifisme (« Mourir pour Dantzig, non !), puis le transforment en partisan fanatique de la collaboration avec le Reich hitlérien.
Jacques Doriot dirige les Jeunesses communistes à partir de 1923, maire de Saint Denis en 1931, haut responsable du PCF, il crée sont parti populaire français en 1936. Dans les années 1920, il est l’avocat passionné de l’antimilitarisme et de l’anticolonialisme. Contrairement au reste du Parti communiste, il est proche de la LICA, condamne avec véhémence le racisme et l’antisémitisme. A partir de 1940, il prône l’intégration de la France dans l’Europe nationale socialiste, crée la légion française des volontaires qui combat en Russie aux côtés de la Wehrmacht…
* ami du père de Jospin !
Maxime TANDONNET
voir le complément et la suite :
http://maximetandonnet.wordpress.com/2011/06/22/le-paradoxe-francais/